Peyot

 

Peyo

 

Je n'ai pas eu l'heur d'obtenir l'heure du dénommé Pierre Culliford dit Peyo, mais je crois qu'on se débrouillera sans ça. Quatre planètes en Cancer, dont trois rapides, voilà qui ne doit guère passer inaperçu du côté de la planche à dessin ...

Qui dit Cancer dit cocon, cuirasse et coquille d'œuf, tous vos classiques vous le diront. Un œuf pour la tête, un œuf pour le corps, deux œufs pour les pieds, et Peyo vous pond un schtroumpf, qui s'empresse aussitôt d'aller s'abriter dans sa maison-champignon à toit ovoïde. Mais un schtroumpf ne vient jamais seul, et bientôt les petits lutins bleus grouillent et pullulent à qui mieux mieux sur la page. Signe de synthèse, le Cancer a le goût des globalités fourmillantes, et cet éclectisme hérité des Gémeaux fait de son univers, comme disait l'autre Cancérien, une ample comédie aux cent actes divers.

A propos du foisonnement des possibles cher à notre signe, ne quittons pas la basse-cour sans évoquer de cocasses démêlés avec certain œuf magique d'où pouvait surgir tout ce que l'on désirait. Les souhaits contradictoires de nos héros faillirent mener le village à sa catastrophe ... Inadaptés coutumiers de la phase bric-à-brac, vous reconnaîtrez sans peines vos petits ennuis personnels.

Du fait des dissonances lunaires avec Pluton et Uranus, les problèmes de cohésion et d'unité sécurisante se font particulièrement sentir. Sous la patriarcale autorité du Grand Schtroumpf, les petits Schtroumpfs ont pour souci perpétuel et commun la défense de leur mini-fief contre l'hostile et inconnu, qu'il s'agisse de la contamination par les féroces Schtroumpfs noirs ou des diaboliques entourloupes du perfide sorcier Gargamel. Le tacite mot d'ordre, celui qui a toujours le dernier mot, c'est le repli ouaté sur l'azurée couleur locale. Lorgner vers le sombre infini n'est pas de mise, et le Cosmoschtroumpf aventureux, dissuadé avec ardeur, a tôt fait de retrouver l'amour sacré du bercail.

Dans les rues du village Schtroumpf, vous côtoierez bien d'autres caractères apparemment peu compatibles entre eux : le mélomane, le bagarreur, le grognon, le farceur, le sentencieux, le bricoleur, le benêt ... Cette diversité cancérienne menacerait sans cesse la solidité du groupe, si la force de régulation du signe ne veillait au grain. En dépit de leurs divergences, nos héros sortent visiblement tous du même moule, et ce physique stéréotypé ne contribue pas peu à soutenir leur sens communautaire. la structure de leur savoureux langage procède du même mécanisme, avec la répétition rassurante d'un familier vocable à tout faire.

Tout ça pour vous dire, sacré nom d'un Schtroumpf, que je schtroumpfe ce Peyo schtroumpfement cancérien !